Prometheus, un Alien light

On y est, 33 ans après le tout premier Alien, le nouvel oeuf tant couvé et tant attendu de Ridley Scott vient nous délivrer son tout nouveau bestiaire, affichant un désir certain du réalisateur de retrouver ce qui a fait son succès d'antan. Prometheus est-il donc la nouvelle référence de science fiction horrifique renouant avec le meilleur film de Scott ? Réponse garantie sans spoilers.

Doté d'un budget colossal de 150 millions de dollars pour un film de science-fiction, ce Prometheus qui lorgne tant vers l'univers d'Alien sera à rapprocher de celui réalisé par James Cameron, tant ce qui prédomine est plutôt l'action que l'horreur pure. En l'état, Ridley Scott nous offre un divertissement véritablement haletant voire époustouflant dans ses images. Le budget conséquent est visible puisque les effets spéciaux foisonnants sont certainement ce qui s'est fait de mieux en SF ces dernières années, donnant ainsi un dernier coup de balai aux récents Star Wars transpirant le fond vert à chaque secondes. Les plans panoramiques de l'espace sont alors de toute beauté et ne reste plus qu'au vaisseau Prometheus à se poser vers ses nouvelles contrées à explorer, vaisseau qui n'est autre que le guide de l'homme vers la connaissance, le tout sous-couvert de mythologie étrange.

N'en déplaise à monsieur Scott ou ses producteurs, surement trop obnubilés par le coût à rembourser et cherchant à viser le plus de monde possible, Prometheus a tout d'un préquel à Alien, ça bien évidemment tout le monde s'en doutait malgré leurs dires, mais le nouveau long-métrage dépasse ce stade pour amorcer une toute nouvelle grande saga. Projet ambitieux diront certains, prétentieux pour d'autres. Reste que le film est une oeuvre réussie mais mineure, levant certains précieux mystères du tout premier volet d'Alien -comme le fameux Space Jockey- mais lui empruntant surtout le plus gros. Car effectivement, tout dans ce nouvel univers rappelle le chef d'oeuvre de Scott, il ne s'agit plus de simples clin-d'oeils mais d'une authentique réappropriation afin de relancer la machine sur du neuf. 


Forcément, Sigourney Weaver nous manquera, mais Noomi Rapace qui lui succède en héroïne féminine fait remarquablement bien son travail, et ce finalement dans un rôle bien différent. Elle porte le film sur ses épaules aux côtés d'un Michael Fassbender d'une froideur extrême. Le reste de l'équipage passe peut-être bien trop au second plan, mais le casting parvient à insuffler ce qu'il faut pour que le tout fonctionne agréablement, on notera d'ailleurs la présence d'un Guy Pearce méconnaissable. Si l'on s'attendait alors à des débordements une fois tous atterris, Prometheus va surprendre... par son manque d'épouvante. Une catastrophe pour les fans du tout premier Alien, chef d'oeuvre horrifique par excellence et montré comme référence depuis des décennies. Car si les personnages évoluent en milieu hostile, et si Ridley Scott par sa mise en scène toujours très efficace parvient à faire monter la tension à plusieurs moments, le ressenti ne dure jamais longtemps et le cinéaste part s'attarder ailleurs, multipliant les déplacements entre le vaisseau et le lieu qui nous intéresse nous, étouffant l'atmosphère angoissante dès qu'elle se met donc en place. 

Dans cette errance scénaristique où monstres, hommes, robot et dieux semblent se côtoyer, on perd facilement pied. Énorme déception donc autour du manque d'effroi, un comble vu les attentes placées autour de ce Prometheus comme devant ramener la SF horrifique sur son piédestal duquel elle a glissée il y a maintenant des dizaines d'années, même si l'on n'oublie pas des tentatives récentes comme le sympathique Sunshine de Danny Boyle. Tout comme ce dernier, le scénario dévie dans sa dernière partie qui frôle de nombreux sujets sans jamais dépasser la symbolique que l'on peut trouver derrière les images. Ça évoque de nombreuses recherches : celle de nos origines, celle de l'âme, celle de l'immortalité, des thèmes classiques qu'on finit par ne plus distinguer dans le gloubi-boulga général qui l'emporte sur la fin. Le film n'en est pas pour autant moins divertissant; car si on ne comprend pas toujours où ça va, une part est laissée à l'imprévisible et au plaisir fou de retrouver un univers qu'on croyait à jamais perdu.  


Ridley Scott excelle donc dans l'exercice, filmant des déambulations maladroites dans des couloirs avec maestro, livrant même une scène anthologique sur laquelle plane le souvenir du chestburster. On n'égale toutefois pas la puissance du final d'Alien qui nous renversait par sa course à la survie au sein de lieux surmontés par des jeux de lumières palpitants, le tout vibrant au son d'alarmes à en épuiser le spectateur. Prometheus souffre donc de la comparaison, c'était inévitable, et pourtant le produit fini s'en éloigne quelque peu. Tout juste dira-t-on que le film est inclassable, à la fois hommage et emprunt, à la fois distant et dissemblable, mais qu'il en met strictement plein la vue malgré une fin abrupte. 

Prometheus va donc s'imposer auprès du grand public comme un gigantesque spectacle dans lequel on retrouve à peu près tous les éléments inhérents aux blockbusters réussis. Mais impossible de ne pas trouver ce nouveau film déstabilisant et extrêmement soft, gros budget oblige. On se rassurera en se répétant que la nouvelle saga ne fait que commencer, rattachant les pistes avec ce qui a été fait autrefois pour mieux s'élancer vers un nouveau public et l'emmener vers de nouveaux horizons. Peut-être était-ce même la meilleure solution tant les films d'horreurs sont aujourd'hui complètement déclassés des grands multiplexes -hors productions très commerciales ou pour ados-. On ne peut donc qu'espérer très rapidement une suite qui, si possible, saura enfin ravir tout le monde en proposant quelque chose de beaucoup plus libre qu'un Alien light servant de transition, ce qui n'est pas dérangeant outre-mesure mais s'avère insuffisant quant on sait le talent du cinéaste dans le domaine. Le pire étant sans doute que le chef d'oeuvre est dans l'oeuf mais peine à éclore pendant ces deux heures. 


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Commentaires

  1. C'est pas un Alien light, c'est même pas un Alien.
    C'est dans l'univers d'Alien, et puis c'est tout.
    C'est pauvre, pauvre, pauvre, et avec une 3D qui n'apporte rien du tout, mais alors du tout, du tout, du tout.

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  2. Je n'avais pas lu cette critique, excellente et exprimant tout à fait ma propre impression sur le film.

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  3. Comme souvent, tu ménages la chèvre et le chou : c'est un bon film mais il a d'énormes de gros défauts mais il est quand même très bien mais il souffre de la comparaison mais il a de la personnalité mais on s'ennuie quand même...

    Je viens de voir le film (sur Internet...) : il a certes quelques qualités (disons qu'on a envie d'en savoir plus), mais on s'ennuie et on a l'impression que le réalisateur s'ennuie aussi : personnages sans caractère, action molle,etc. Drôle d'impression d'avoir passé deux heures à suivre une histoire qui aurait fait un très bon court-métrage...

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