Hunger Games, une battle vraiment royale

Incroyable, celui que l'on attendait comme le nouveau Twilight (entendre par là : poule aux oeufs d'or destinée à attirer toutes les adolescentes dans les salles) se révèle riche et plein de surprises. Outre un box office qui s'envole et bat des records, pouvant laisser dubitatif, c'est finalement bel et bien une oeuvre méritante et exigeante qui nous est livrée.

La réussite du film tient tout d'abord à son casting prestigieux, le réalisateur Gary Ross ayant choisi judicieusement la révélation de The Winter Bones et celle du Secret de Terabithia. C'est donc Jennifer Lawrence et Josh Hutcherson qui forment à l'écran un attrayant duo et permettent à la romance de fonctionner à peu près convenablement. C'est touchant, c'est mignon, évidemment cliché mais ça ne s'étale heureusement pas trop sur la trame principale, hormis vers la fin.


Plus surprenant encore, si on prend l'exemple de la dame en rose ultra-maquilée -toute droit sortie d'un mauvais Tim Burton-, personnage improbable mais qui parvient à exister et révéler plusieurs facettes. On a donc des seconds rôles qui pour la majorité tiennent très largement la route, avec la présence de Woody Harrelson ou encore Lenny Kravitz, chose déjà exceptionnelle à ce stade si l'on compare avec d'autres films pour adolescents, habituellement livrés comme des sous-produits de consommation vite-vus vite-oubliés. Salutations aux costumes et maquillages également donc, très réussis. 

D'ailleurs, est-ce vraiment réservé aux adolescents ? Tout simplement non, Hunger Games est ouvert aux adultes, de par son propos déjà, sur lequel plane bien évidemment l'ombre de Battle Royale. Reste que la violence y est beaucoup plus souple, cachée par de fâcheux mouvements de caméras. La liberté dans ce cinéma grand public a donc tout de même ses limites, et l'on reste dans un film à l'action beaucoup trop pré-fabriquée. La faute au réalisateur ? Non même pas, il suit simplement la trame du livre et la production du reality-show qui se complait à intervenir elle-même en créant ses rebondissements voire à changer les règles en cours de jeu. En résulte une certaine fausseté qui vient gâcher le plaisir principal puisque l'action et les péripéties ne sont plus là que pour faire dans le sensasionnel et l'audimat, la dernière demi-heure est d'ailleurs bien trop rapidement expédiée par une production de jeu décidée à en finir. Des défauts qui viennent édulcorer l'attrait du programme des hunger games, le climax se révèle ainsi bien en deça des attentes. 


Hunger Games est tout de même à considérer comme un pavé dans la marre, une petite révolution dans un cinéma hollywoodien très lisse et sans aucun niveau de lecture. Ici, le film pourrait presque être perçu comme un long-métrage éducatif à destination des adolescents avares de téléréalités de plus en plus trash. Hunger Games n'est pas tant une révolution par sa qualité, bonne sans être exceptionnelle, mais par ce qu'il propose, à la fois innovant et réjouissant, allant jusqu'à montrer la mort d'enfants qui s'entretuent. Ceci non sans un certain manichéisme bas de gamme avec ceux qui sont restés eux-même et les autres qui vont aisément partir à l'assaut du premier venu. 

Hormis ces défauts, on a tout de même là un vrai bon film qui parvient à être captivant d'un bout à l'autre, mais qui ressort surtout grandi par ce qu'il représente au sein du cinéma américain : un affranchissement de certaines barrières et codes, et ça fait un bien fou. Grande curiosité dès lors pour la suite, qui je l'espère, continuera sur la lancée. Il y aura un avant et un après Hunger Games dans le cinéma dit pour adolescent, tout comme il y eut un tournant avec The Dark Knight qui avait bousculé et retourné le genre du film hollywoodien très grand public pour l'amener vers des thématiques bien sombres. Du moins, l'avenir le dira. Dans tous les cas, le livre, fade et lisse mais entraînant, trouve avec le film un bien meilleur écho. 


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